C'est à Gembloux, ville de la Province de Namur en Belgique que s'est tenu pendant 3 jours - du 25 au 27 avril 2023 - un colloque sur les dernières avancées scientifiques concernant le trouble du spectre de l'autisme.
Ce colloque était proposé par l'équipe de psychologues de NeuroTransmetteurs : https://www.neurotransmetteurs.be/
J'y étais et en voici le programme :
JOUR 1
Laurent Mottron, psychiatre, chercheur et professeur à l'Université de Montréal : Si l'autisme existe, il s'arrête quelque part
Oriana Orlandi, psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie : Trajectoire développementale et repérage précoce
Pierre Defresne, neuro-pédiatre et médecin directeur de la Fondation SUSA à l'Université de Mons en Belgique : Processus diagnostic dans le cadre d'une suspicion TSA chez l'enfant : outils, intérêts et limites
Sandrine Sonié, pédopsychiatre et coordinatrice du CRA Rhône-Alpes : Évaluation du TSA : lignes directrices pour mener une évaluation à visée diagnostique dans le cas d'une suspicion de TSA chez l'adulte
Isabelle Hénault, psychologue et sexologue et directrice de la clinique Autisme et Asperger de Montréal : Le profil féminin de l'autisme : caractéristiques, habiletés et guide d'évaluation
Amandine Roche, infirmière diplômée d'État et diagnostiquée autiste : Parcours de vie
JOUR 2
Maëva Roulin, psychologue clinicienne : Différentiel et comorbidités dans l'autisme : les points d'attention spécifiques
Gentiane Cambier, psychiatre et praticien hospitalier : Autisme et diagnostics différentiels à l'âge adulte
Sophie Carlier, Docteur en psychologie spécialisée en autisme : Diagnostics différentiels des TSA chez l'enfant : méthodologie et repères cliniques
Josef Schovanec, philosophe et écrivain : Quel avenir pour les autistes ?
JOUR 3
Eric Willaye, Docteur en psychologie : Recommandations internationales et lignes directrices de la prise en charge des TSA : l’importance de la hiérarchisation des besoins dans la mise en place d’un programme d’intervention individualisé
Mehdi Liratni, Docteur en psychologie, psychologue libéral : Intérêts des approches comportementales et cognitives dans l’accompagnement des personnes avec autisme sans déficience intellectuelle.
Céline Clément, Professeur en psychologie et sciences de l'éducation à l'Université de Strasbourg : Quelle place pour les parents d'enfants autistes dans l'accompagnement de leur enfant ?
Nastasia Blaise, psychologue et formatrice spécialisée en autisme : Quel accompagnement à l'école pour les élèves TSA sans déficience intellectuelle ?
Fanny Weytens et Maëva Roulin : Autiste donc épuisé ?
Stéf Bonnot-Briey, consultante et formatrice spécialisée dans les TSA : Autonomisation et autodétermination des adultes autistes : quels défis à relever dans une société qui parle encore de prise en charge ?
L'intérêt de ce colloque a tout d'abord été de faire se succéder des intervenants très divers, ce qui a eu pour conséquence de favoriser les échanges dans l'auditoire et l'émanation de discussions intéressantes.
Ensuite - et c'est peut-être dû à la culture belge, peut-être plus encline que la culture française à encourager le débat contradictoire plutôt qu'à museler la parole ou à la discréditer avant qu'elle ne s'exprime - la présence sur la même journée (Jour 1) de personnalités aussi diverses que Laurent Mottron et Isabelle Hénault par exemple a permis d'initier des discussions et des questionnements importants sur les limites du diagnostic, son intérêt et ses potentielles dérives.
La concomitance de propos antagonistes a pu permettre à chacun de se faire une opinion plus aboutie sur la pertinence actuelle de certains discours.
Lors du Jour 2, les intervenants ont discuté les diagnostics différentiels chez l'enfant puis chez l'adulte et pointé la nécessité, pour les professionnels, d'être bien formés à l'autisme afin de mieux repérer et d'apporter les accompagnements adaptés.
La complexité du diagnostic à l'âge adulte est corrélée à la difficulté d'établir une anamnèse qui s'avère pourtant primordiale pour un diagnostic différentiel.
Le défaut de diagnostic (ou le diagnostic erroné) chez l'adulte peut conduire à de grandes difficultés notamment dans l'emploi.
La journée s'est conclue par l'intervention de Josef Schovanec qui a pointé la responsabilité d'une uniformisation des sociétés actuelles dans le manque d'inclusion et fait part de son pessimisme face à l'inadéquation entre les discours scientifiques et politiques et les actions réelles sur le terrain.
Durant le jour 3, nous avons pu faire un tour d'horizon des recommandations de bonnes pratiques en autisme et comment elles s'articulent autour de l'expertise clinique, des préférences et valeurs de chaque personne et des preuves scientifiques. Il a été pointé le peu d'études concernant les adultes, alors que 80 % de la population générale a plus de 18 ans.
Nous avons également pu comparer la teneur des approches préconisées dans l'accompagnement des personnes autistes et comprendre comment des aménagements raisonnables à la fois matériels, organisationnels et pédagogiques mis en place pour des élèves à besoins particuliers bénéficient finalement à tous les élèves.
L'implication des parents dans la co-construction du parcours de leur enfant ainsi que les appuis et soutiens à leur apporter ont montré toute leur importance. La guidance parentale à des répercussions sur la qualité de vie.
Stef Bonnot-Briey a conclu la dernière journée en montrant comment l'autonomie et l'autodétermination des personnes autistes ne doivent pas rester de vains mots répétés par tous mais faire éclore des actions concrètes qui s'appuient sur les droits fondamentaux des personnes handicapées de l'ONU.
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