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Les impacts de l'interoception dans l'autisme



L'interoception est définie comme la perception de l'état physiologique interne du corps.

Elle se distingue de l'exteroception (la perception des stimuli causés par l'environnement extérieur, incluant la vue, l'odorat, le toucher, l'ouïe et le goût) et de la proprioception (la perception du mouvement, de l'action. et de la position du corps dans l'espace).


L'interoception est impliquée dans l'équilibre physiologique interne du corps et la régulation des émotions : elle permet de prendre conscience des besoins du corps (homéostasie) et de ses désirs (émotions).


La conscience interoceptive se compose de trois éléments :

- La capacité à percevoir des signaux internes du corps,

- La capacité à discerner et interpréter des ensembles de signaux corporels tels que les émotions et les sentiments,

- La capacité à percevoir des signaux extérieurs et à comprendre l'impact qu'ils peuvent avoir sur le corps.


Dans l'autisme, des différences et des difficultés liées au fonctionnement social et émotionnel, au traitement sensoriel et à la flexibilité comportementale peuvent provenir, du moins en partie, de différences dans l'interoception par rapport aux personnes non autistes.

De même, des déficits interoceptifs sont à la base de l'alexithymie, un problème fondamental dans le traitement des émotions souvent présent chez les personnes autistes.

L'alexithymie est probablement secondaire à une représentation prédictive plus faible que la normale des variations dans les stimuli corporels engendrés par les défis émotionnels. D'autres processus peuvent également contribuer à l'alexithymie, comme des difficultés dans le filtrage des perceptions corporelles pouvant empêcher leur association aux signaux émotionnels.


Les personnes autistes ont une moins bonne discrimination et précision interoceptive mais, à l'inverse, elles ont une plus grande sensibilité interoceptive. Ceci a pour conséquence une altération de leurs capacités à détecter de façon objective les signaux corporels, associée à une perception subjective exagérée de leurs sensations corporelles.

Cette disparité entre discrimination objective et perception subjective des sensations du corps est corrélée à un déficit de sensibilité aux émotions ainsi qu'à l'apparition de symptômes d'anxiété, sans doute à cause d'un manque de prévisibilité interoceptive (effet de surprise).


Dans l'autisme, l'hyper- et l'hypo-sensibilité sensorielles se mêlent et l'interoception viscérale est fréquemment affectée. Les difficultés sensorielles sont à l'origine de comorbidités physiques telles que la migraine, les troubles gatro-intestinaux, le faible tonus musculaire et l'hypermobilité articulaire.


Reconnaître l'existence des signaux internes du corps est primordial pour la gestion des impacts du stress et pour diminuer les répercussions chroniques du monde extérieur sur le fonctionnement interne. Reconnaître et interpréter correctement ces signaux représente un défi pour les personnes autistes et une mauvaise interprétation des signaux a des répercutions sur la santé.

La compréhension des facteurs liés aux particularités interoceptives des personnes autistes est indispensable pour une meilleure prise en considération de leurs difficultés.

La co-régulation (suggestions par une autre personne) ou l'apprentissage de stratégies permettant une meilleure précision intéroceptive ainsi qu'un meilleur contrôle prédictif des signaux corporels internes sont des appuis utiles à l'atténuation de l'anxiété et de la détresse subjective des personnes autistes.



Un article dans Trends in Neurosciences de Bruno Bonaz et al. (2021), apporte un aperçu global des troubles de l'interoception et suggère des orientations pour une amélioration de la compréhension, du diagnostic et de la prise en charge de ces troubles.



BIBLIOGRAPHIE :



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