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Transition vers la vie adulte : la nécessité d'une approche écologique et systémique pour la mise en œuvre de soutiens adéquats auprès des jeunes autistes

Dernière mise à jour : 12 nov.


La transition vers les études post-secondaire et ensuite vers l'emploi s'avère complexe pour les jeunes adultes autistes et leur participation à la vie sociale demeure limitée.

Différentes études ont montré l'impact d'un manque de soutiens efficaces et appropriés dans les périodes de transition, du lycée vers l'université puis de l'université vers le milieu professionnel.

Une étude récente de Shannon Crowley LaPoint et al. s'est penchée sur le point de vue des professionnels de l'éducation pour tenter de mieux comprendre l'origine des obstacles à la mise en place de soutiens de bonne qualité auprès des jeunes adultes autistes durant leurs études et vers la vie professionnelle.


Les obstacles qui limitent la préparation des jeunes autistes au passage à la vie adulte doivent être appréhendés de façon à la fois systémique et écologique.

L'écologie du développement humain selon Uri Bronfenbrenner s'avère utile pour permettre de mieux comprendre comment ces obstacles contribuent à une préparation inadéquate des adolescents autistes dans la transition vers la vie adulte, en mesurant pleinement les effets de l'interaction des différents facteurs contextuels et environnementaux.

La perspective de Bronfenbrenner est holiste et globale : elle représente les conditions qui permettent à l'individu de se développer en interaction avec son environnement, les contextes et les temporalités.


Les obstacles rencontrés par les adolescents autistes sont de 4 ordres selon la perception des professionnels de l'éducation interrogés dans l'étude de Shannon Crowley LaPoint et al. : les caractéristiques propres des adolescents autistes et de leurs familles, l'environnement scolaire, l'environnement social et communautaire, ainsi que les interactions entre chacun de ces systèmes.


En premier lieu, l'étude a montré que les professionnels de l'éducation considèrent les obstacles comme provenant principalement des individus plutôt que de l'inadéquation ou des manquements des systèmes de services, ce qui reflète et perpétue une idéologie des déficits : la croyance que les inégalités résultent non pas de conditions injustes ou inadaptées mais de déficiences propres à l'individu.

Cette croyance implique de moindres attentes de la part des professionnels de l'éducation vis à vis des étudiants autistes et le sentiment qu'ils ne peuvent pas suivre un enseignement classique influence négativement les interactions des professionnels de l'éducation avec ces étudiants.

En résulte ce que Serge Ebersold qualifie d'une "Indifférence bienveillante à la différence" pouvant contribuer à une mise à l'écart des jeunes autistes du fait de l'instauration d'une idéologie méritocratique (revendication par les professionnels de l'éducation d'une légitimité universitaire).


Les résultats de cette étude montrent toute l'importance d'une plus grande information sur l'autisme auprès des professionnels de l'éducation : une meilleure connaissance de l'autisme et de ses spécificités permettra d'instaurer une approche basée sur les forces et les compétences à tous les stades de l'éducation.


Dans un second temps, l'étude a montré l'identification d'obstacles identifiés comme issus directement du fonctionnement du système éducatif.

Il s'agit principalement :

  • D'une priorisation des objectifs académiques, induisant une inadéquation entre les besoins réels des étudiants et les soutiens apportés, en négligeant les besoins de facilitation de la vie quotidienne, de l'autodétermination et de la préparation à la vie adulte.

  • D'un manque de connaissance des professionnels de l'éducation sur la façon de soutenir et d'accompagner les étudiants autistes durant leur cursus scolaire.

  • Des challenges rencontrés par les étudiants pour accéder à diverses opportunités du fait de la localisation géographique : la prise en compte d'éléments logistiques dans l'accessibilité des lieus de stage ou d'emploi par exemple.


De plus, cette étude souligne le manque de collaboration et de coordination entre les différents systèmes de soutien dont les activités respectives demeurent cloisonnées. Une plus grande concertation entre toutes les parties prenantes de l'écosystème des jeunes adultes autistes est grandement recommandée.


À un autre niveau, le manque de compréhension sociétal et d'acceptation de l'autisme peuvent entraver les étapes de transition des jeunes jeunes autistes vers la vie adulte : la mise en œuvre de programmes défiant les idéologies du déficit (basées sur le modèle médical du handicap) au profit d'une approche bio-psycho-environnementale (prenant en compte le rôle des facteurs d'environnement dans la production du handicap) est primordiale.





RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :


  • LaPoint, S.C., Kim, S.Y. & Bottema-Beutel, K. Barriers to Providing Transitional Supports for Autistic Students: Insights of School Professionals. J Autism Dev Disord (2024)


  • Bronfenbrenner, U. (1994). Ecological models of human development. In

    International Encyclopedia of Education, Vol. 3, 2nd. Ed. Oxford: Elsevier


  • Serge Ebersold, Éducation inclusive : privilège ou droit, Presses Universitaires de Grenoble, avril 2017

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