Dans son livre autobiographique "Ma vie d'autiste", Temple Grandin montre comment la confiance accordée, au cours de sa vie, par différentes personnes de son entourage (sa mère, ses professeurs, M. Brooks et M. Carlock) lui a permis de créer un équilibre rendant plus stable son environnement de vie perçu comme chaotique.
Dans un environnement rassurant, où elle se sentait aimée et appréciée, elle était plus à même d'exprimer ses capacités.
Le soutien et l'estime apportés par l'entourage sont des étayages importants permettant à la personne autiste de mieux percevoir les limites existantes entre elle et son environnement et comment elle peut agir sur celui-ci. La motivation induite par l'intérêt de l'entourage permet à la personne autiste de trouver les outils nécessaires à la construction de son parcours et de ses projets, en donnant du sens aux contextes.
Afin de mettre en œuvre un équilibre plus en accord avec elle et son mode de fonctionnement, la personne autiste peut intervenir sur deux éléments :
- Développer ses capacités internes,
- Se placer dans un environnement lui permettant d'exprimer au mieux ses capacités réelles.
Aider la personne à tirer profit de ses compétences, c'est favoriser un environnement où elle peut développer ses qualités personnelles.
L'apport des affordances (notion élaborée par Gibson en 1979) permet de comprendre comment l'individu interagit avec son environnement extérieur par l'intermédiaire d'une série d'informations lui provenant de ce dernier, que l'individu sélectionne et traite par le biais de la perception qu'il a de cet environnement. C'est la perception du contexte qui guide l'action de l'individu, qui sélectionne alors les informations pertinentes pour accomplir une tâche.
Les affordances relèvent d'une relation entre l'individu et son environnement, qu'il est ou non capable d'investir : action et perception sont ainsi intimement liées.
Dans la vie quotidienne et professionnelle, une action n'est jamais réalisée de manière isolée mais s'insère dans une chaîne d'actions diverses reliées les unes aux autres. Rendre un environnement plus compréhensible et plus accessible à l'expression des capacités et des compétences nécessite de considérer cet environnement de manière globale : par exemple, rendre plus accessible le milieu professionnel (avec des aménagements adaptés) ne peut faire abstraction d'une réflexion sur la possibilité pour l'individu de pouvoir se rendre sur le lieu de travail (distance du lieu de travail, possibilité d'accès aux transports en commun, etc), de pouvoir structurer les différentes étapes de son quotidien, etc.
La philosophe Anne-Lyse Chabert dans son ouvrage " Vivre son destin, vivre sa pensée ", apporte un éclairage sur cette interaction entre la personne en situation de handicap et son environnement sur lequel nous pouvons et devons agir, tous, pour une société plus vivable et moins exclusive.
L'article du pédopsychiatre Christophe Gauld " Autisme et affordance " apporte une vision globale sur les interférences de la personne autiste dans son environnement matériel et social.
Références bibliographiques :
Temple Grandin : " Ma vie d'autiste ", 1994, Éditions Odile Jacob
Anne-Lyse Chabert : " Vivre son destin, vivre sa pensée ", 2021, Éditions Albin Michel
Anne-Lyse Chabert : " Transformer le handicap ", 2017, Éditions érès
Christophe Gauld : " Autisme et affordance ", HAL 2019
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